L'Avenue des Croisements

Ecriture et mise en scène de Patricia Romanet-Faucon

« Parmi les thèmes récurrents qui me hantent, celui de la créativité et du processus de création tient l’une des places les plus importantes » vous dira Patricia.


Justement, parlons-en. L’idée de tenter de décortiquer ce phénomène est restée en gestation pendant une dizaine d’années, alors même que Patricia écrivait la trentaine de pièces de théâtre à son actif aujourd’hui, mais aussi des sketches, de la prose poétique et des textes sans classement possible dans un genre prédéfini. Quand on est plongé dans la création de quelque forme d’Art que ce soit, on approche un mystère à peu près impossible à déchiffrer. Emotionnellement, le temps de création lorsqu’il est passionné est d’une telle intensité qu’il laisse l’artiste vidé de toute énergie ; il vient de donner naissance à une œuvre, et pour cela, il aura fallu qu’il en tue cent ou davantage. Il aura fallu qu’il soit cohérent, malgré ses fantasmes artistiques. Il aura tout donné et pourtant il aura encore l’impression qu’il détient d’autres éléments, d’autres pistes, d’autres mondes à faire découvrir. A peine le mot Fin est-il apposé au bas de l’œuvre, les doigts encore sur le clavier, l'auteur demeure subjugué par la création, tout ce qu’elle lui apporte, tout ce dont elle la prive.


L’Avenue des Croisements aborde le sujet sous la forme de trois personnages liés au monde du théâtre : l’auteur, le metteur en scène, le comédien. Le spectateur traverse l’enchevêtrement des affres et des bonheurs de l’auteur pendant la conception de l’écriture, puis le bouillonnement et les inquiétudes du metteur en scène, avant de plonger dans l’interprétation des comédiens qui demeurera unique d’une représentation à l’autre, le tout formant une œuvre aboutie au prix « de l’exaltation, de la souffrance et du miracle »


La densité du texte a réclamé une mise-en-scène épurée. Les trois personnages symboliques sont interprétés par six comédiens dont le jeu tient tête au fil du rasoir. C’est bien l’objet du thème, non ?